La liberté de la presse ainsi que la liberté d’expression permettent une compréhension mutuelle pour construire une paix durable

Tous les ans, la Journée mondiale de la liberté de la presse permet de célébrer les principes fondamentaux de la liberté de la presse, d’évaluer la liberté de la presse à travers le monde, de défendre l’indépendance des médias et de rendre hommage aux journalistes qui ont perdu la vie dans l’exercice de leur profession. Le 3 mai a été proclamé Journée mondiale de la liberté de la presse par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1993, suivant la recommandation adoptée lors de la vingt-sixième session de la Conférence générale de l’UNESCO en 1991. Ce fut également une réponse à l’appel de journalistes africains qui, en 1991, ont proclamé la Déclaration de Windhoek sur le pluralisme et l’indépendance des médias.

L’article 11 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne recite: «Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontière.La liberté des médias et leur pluralisme sont respectés».

La Journée permet d’informer les citoyens sur les atteintes portées à la liberté de la presse. Dans des dizaines de pays à travers le monde, des publications sont censurées, condamnées, suspendues ou tout simplement n’ont plus le droit de paraître, alors que des journalistes, des rédacteurs en chef et des éditeurs sont harcelés, attaqués, détenus ou même tués.

A la faveur de cette date, nous pouvons encourager et développer des initiatives en faveur de la liberté de la presse mais également évaluer l’état de la liberté de la presse à travers le monde.

L’événement phare de l’UNESCO de la Journée mondiale de la liberté de la presse réunira le Secrétaire général des Nations Unies António Guterres, le Président de la République du Libéria, George Weah, la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, le président de la Fédération internationale des journalistes, Younes Mujahid, la journaliste d’investigation des Philippines et fondatrice du site d’actualités Rappler, Maria Ressa, et le Secrétaire général de Reporters sans frontières, Christophe Deloire, aux côtés de plusieurs autres participants de haut niveau. L’éminent journaliste américain d’origine mexicaine Jorge Ramos animera le débat.

Plusieurs messages vidéo de chefs d’État et de gouvernement, de ministres et d’autres personnalités de haut niveau seront diffusés durant le débat.

Pour l’indépendance d’une presse qui dit et interroge les faits

Alors que la pandémie de COVID-19 nous fait basculer dans l’inquiétude et l’incertitude, l’information libre nous est essentielle pour faire face à la crise, la comprendre, la penser, et la surmonter. Nous mesurons d’abord son importance vitale : informer, c’est donner à chacune et chacun les moyens de lutter contre la maladie en adoptant les comportements adéquats. C’est pourquoi notre Organisation est engagée avec l’ensemble de la famille de l’ONU dans la lutte contre «l’infodémie», de rumeurs et de fausses informations, qui aggrave la pandémie et met des vies en danger.
À travers deux campagnes fortes sur les réseaux sociaux, «Together for Facts, Science and Solidarity» et «Don’t go viral», nous mettons ainsi nos forces en commun. Pour multiplier l’efficacité de ces efforts, notre Organisation a également créé un Centre de ressources pour les médias face au COVID-19, afin d’aider les journalistes à traquer les fausses informations et à rendre compte de la crise de manière sûre et efficace, ainsi que nous y invite le thème de cette Journée mondiale, «journalisme sans crainte ni complaisance». Ce thème vient à point nommé célébrer le travail de celles et ceux qui se dressent pour la liberté de l’information, pour l’indépendance d’une presse qui dit et interroge les faits.
Cette liberté de la presse est trop souvent malmenée. Que ce soit par le contrôle politique, idéologique ou économique, par les attaques qui visent à diffamer et à décrédibiliser, ou encore par le harcèlement, on cherche trop souvent à réduire au silence les journalistes et en particulier les femmes. Malheureusement, les circonstances exceptionnelles que nous vivons aujourd’hui intensifient encore ces pressions sur les journalistes.La crise actuelle renforce également les incertitudes pour la presse sur le plan économique : par exemple, alors même que s’accélère la transition numérique, les recettes publicitaires, dont dépendent bien des parutions, sont en baisse, voire en chute libre ; à terme, des journaux pourraient ainsi être forcés de réduire ou cesser leur activité, privant des communautés d’un autre regard sur le monde, d’une profondeur de champ nécessaire à la diversité des opinions.

Or dans un monde aussi interdépendant que le révèle cette crise, chaque menace ou attaque contre la diversité et la liberté de la presse, et contre la sécurité des journalistes, nous concerne tous.C’est pourquoi le système des Nations Unies, ainsi que de nouvelles alliances d’associations de médias, de gouvernements, et d’acteurs légaux, académiques oude la société civile, soutiennent partout dans le monde les journalistes dans leur lutte pour leur indépendance et pour la vérité. J’appelle aujourd’hui à redoubler ces efforts : dans ce moment crucial et pour demain, nous avons besoin d’une presse libre et des journalistes, qui doivent, quant à eux, pouvoir compter sur l’ensemble d’entre nous.

 

Audrey Azoulay
Directrice générale de l’UNESCO