EEAS special report on the narratives and disinformation around the COVID-19/Coronavirus pandemic

Les concepts de «vérité» et d’«objectivité» définitives
sont ambigus et dangereux


Les technologies numériques ont indubitablement été à l’origine d’instruments de démocratie participative à la fois nouveaux et porteurs de transformation, grâce auxquels la démocratie participative s’est trouvée élargie et qui ont permis aux citoyens de passer du statut de simples utilisateurs d’informations à celui de producteurs d’informations.

Le risque de désinformation qui est implicite dans la propagation virale des contenus sur internet, dans les difficultés à contester et à corriger des contenus à temps, ainsi que dans la censure susceptible d’être exercée par les plateformes de médias sociaux et les géants de la haute technologie, représente le revers de la médaille.

Néanmoins, du point de vue du droit international, la question des «fausses informations» doit être envisagée avec une extrême prudence, en gardant à l’esprit que les anciens médias traditionnels ont été – et sont encore – également susceptibles de diffuser de fausses informations, et que l’interdiction des fausses informations ou des informations mensongères a souvent été utilisée pour contrôler les médias et restreindre la liberté éditoriale.

Nous sommes conscients que des informations trompeuses peuvent causer de graves préjudices, en portant atteinte à la réputation de quelqu’un, en violant son droit au respect de la vie privée, mais que des restrictions pour limiter les fausses informations ne sont pas la solution. Les concepts de «vérité» et d’«objectivité» définitives sont ambigus et dangereux. L’exigence de ne publier que des informations absolument véritables est non seulement irréaliste, mais aussi antilibérale.

Nous devrions en outre garder à l’esprit que l’ère du numérique a rendu la vérification des faits plus facile qu’elle ne l’a jamais été avec les médias traditionnels: il est possible d’enquêter sur une manipulation de documents numériques, si la volonté est là, et internet dispose d’instruments et d’infrastructures permettant de vérifier les sources et les faits. Si l’on autorisait des agents du service public à décider de ce qui constitue la vérité, cela reviendrait à accepter que le pouvoir en place ait le droit de faire taire les critiques.

Tout comme pour les «discours de haine» ou le «terrorisme», la notion de «fausses informations» est trop vague pour empêcher une interprétation arbitraire et subjective. Il ne serait pas non plus rassurant que des entités privées telles que Facebook soient chargées de faire ces appréciations en lieu et place des pouvoirs publics.

Les infox et la désinformation, fruit d’une manipulation délibérée des informations visant à tromper leurs destinataires, sont un phénomène de plus en plus visible. Les réseaux sociaux et leurs outils de personnalisation facilitent la tâche à ceux qui veulent diffuser des informations mensongères. Ils font souvent appel à l’émotion pour attirer l’attention et engranger des clics, pour des raisons économiques ou idéologiques. Même les utilisateurs jeunes et à l’aise avec les technologies numériques ont du mal à repérer les informations manipulées. Ainsi, six fois sur dix, les articles partagés sur les réseaux sociaux n’ont même pas été lus préalablement par ceux qui les ont postés. Près de 85% des Européens estiment que les infox sont un problème dans leur pays, et 83 % sont d’avis qu’elles constituent une menace pour la démocratie de manière générale. Cette boussole vous aidera à vous repérer dans la masse d’informations et à séparer le bon grain de l’ivraie.

1) Téléchargez le plugin du projet InVID.
2) Abonnez-vous, par exemple, à @EUvsDisinfo/@EUvsDisinfo, @DFRLab/@DRFLab ou @StopFakingNews/@stopfakeukraine.